Ostéotomie tibiale

Qu'est ce que c'est ?

 
C’est une intervention visant à corriger ou à créer une désaxation du membre inférieur pour diminuer les contraintes s'exerçant sur la partie usée du genou. 

 

 
 
Elle consiste en une section du tibia, un redressement de celui-ci puis le maintien de la correction par la mise en place d’une plaque ou d’agrafes (éventuellement associée à un greffon osseux).C'est donc une fracture organisée, qui consolide sur une période de 2 à 4 mois.

En corrigeant l'alignement du membre inférieur, les contraintes imposées à la partie usée du genou diminuent en étant transférées sur la partie saine. L'ostéotomie ne supprime donc pas l'arthrose déjà présente, mais freine son évolution et neutralise tout ou partie de la symptomatologie. 

 

 

Anatomie

 
Le genou est l’articulation qui unit le fémur au tibia. Chaque extrémité osseuse est recouverte d’un cartilage épais et lisse. L’emboîtement des deux surfaces osseuses est quasi inexistant (contrairement à la hanche). La stabilité du genou est donc assurée par les ligaments et les muscles. Ainsi, des mouvements de flexion, extension et rotation sont possibles. 

 

 
 
Le cartilage assure quand il est normal, le glissement entre le tibia et le fémur puis entre le fémur et la rotule.

 

Pathologie

 
L’arthrose est la cause la plus fréquente d’usure du genou. ( cf arthrose ). Il s’agit :

  • soit d’une usure primitive liée au vieillissement et souvent au surpoids,
  • soit il s’agit d’une arthrose secondaire (due à une déformation des membres inférieurs en varus ou en valgus, ou à un traumatisme.)

  


  
Ces déformations favorisent l’usure d’une seule des parties du genou, la partie interne pour les genu varum, la partie externe pour les genu valgum.
 

Diagnostic

 
Les symptômes sont assez typiques. Ils sont généralement :

  • une douleur d’un seul coté du genou qui limite la marche,
  • une diminution des mouvements de flexion puis un défaut d’extension,
  • une boiterie s’installe.
  • des épisodes d'épanchement de liquide faisant gonfler le genou.

Les radiographies mettront en évidence la destruction du genou d’un seul coté. Le cartilage s’amincit, l’espace se pince et le genou se déforme. 

Traitements

 
L’objectif de tous les traitements est de soulager les patients.


Il faut débuter par des antalgiques simples (paracétamol ou autres) éventuellement associés à des anti-inflammatoires et des infiltrations. Des semelles à mettre dans les chaussures peuvent aussi être très efficaces.

Seulement, lorsque cette stratégie médicale n’est plus suffisante, la chirurgie doit être appréhendée : l’ostéotomie tibiale de valgisation est une des interventions chirurgicales possibles.
 
 
 
 
Elle n’est envisageable que dans des conditions bien précises :

  • sujets jeunes (40 à 60 ans),
  • arthrose ne touchant qu’un seul compartiment du genou, que cela soit une arthrose fémoro-tibiale interne surtout, ou une arthrose fémoro-tibiale externe plus rarement (fémoro-tibiale= localisée entre le tibia et le fémur),
  • absence de lésion ligamentaire associée notemment, pas de rupture du ligament croisé antérieur.

L’objectif est de repousser au maximum d’une dizaine d’années, la mise en place d’une prothèse.
 

L'intervention

 
Elle se déroule au bloc opératoire sous anesthésie, de type anesthésie générale ou rachi-anesthésie (seuls la partie basse du tronc et les deux membres inférieurs sont anesthésiés, le patient étant alors parfaitement conscient), dans une ambiance stérile après une préparation de la peau pour limiter les risques infectieux.
Pendant l’intervention, le repérage de la hauteur et de l’orientation de la coupe osseuse se fait à l’aide d’un amplificateur de brillance (radiographie per-opératoire instantanée).

 
 
 
 
La durée d’intervention est proche de une heure. Elle se fait sous garrot. L’incision est soit interne, soit externe, sous le genou et fait entre 8 à 10 cm de long.
Un drain est souvent posé pour éviter la survenue d’un hématome et surveiller l’importance du saignement post-opératoire.
Juste après l’intervention, le patient est surveillé en salle de réveil (conscience, tension artérielle, fréquence cardiaque, respiration, saignements, douleurs…) pendant environ deux heures, puis regagne sa chambre.
 

La période post-opératoire

 
La douleur sera contrôlée par des perfusions puis par une médication orale. Si le traitement de fond s’avère insuffisant, des antalgiques plus puissants peuvent être utilisés souvent de manière ponctuelle, toujours pendant de brèves périodes.
Le genou peut être immobilisé dans une attelle d’extension.
Le lendemain de l’intervention, vous effectuerez un premier levé avec l’aide d’un kinésithérapeute. Pour les plus hardis, les premiers déplacements seront faits, pour les autres à partir du deuxième jour. L’appui complet est souvent décalé à 3 semaines. Il faut donc pendant un temps, marcher avec des cannes anglaises. Les kinésithérapeutes vous aideront à reprendre confiance en vous, à bien utiliser les utiliser. Des exercices seront faits dans les escaliers.
Une radiographie de contrôle sera faite.

Les infirmiers referont le pansement et vous apporteront les soins nécessaires. Les aides-soignantes vous aideront dans les gestes de tous les jours tout le temps où vous serez embarrassés, puis très vite vous serez parfaitement autonome.
La durée d’hospitalisation varie de 3 à 5 jours.
A la fin du séjour, les patients regagnent leur domicile.
 

Les risques

 
Comme toutes les interventions chirurgicales, l'ostéotomie tibiale a les siens.
La liste est grande, mais la fréquence de survenue est faible.
Il faut essentiellement retenir pour les risques d’ordre général :

  • le risque hémorragique,
  • le risque de phlébite donc de survenue d’embolie pulmonaire,
  • et le risque infectieux précoce.

Pour ce qui est des risques propres à l’ostéotomie tibiale de valgisation, il y a lieu de retenir :

  • la lésion de l’artère poplitée, artère située juste derrière le genou et qui peut être sectionnée au moment de la réalisation de la coupe osseuse,
  • l’usure précoce du compartiment sain,
  • et la non consolidation de l’ostéotomie (rare). 

Après l'hospitalisation

 
Une fois la période d’hospitalisation terminée, il faut compter deux à trois mois environ pour être parfaitement à l’aise, tant d’un point de vue fonctionnel (marche, équilibre, abandon des cannes) que d’un point de vue général (disparition d’une certaine fatigue, arrêt des antalgiques..).
C’est souvent après une période de trois semaines que vous reverrez votre chirurgien avec une radiographie afin que si les constatations le permettent, vous puissiez reprendre l’appui complet sans arrière pensée.
Les fils ou les agrafes auront été retirés entre le 15ième et le 20ième jour post-opératoire. Le traitement préventif des phlébite sera stoppé après 30 jours de traitement (injections sous-cutanés).
Un kinésithérapeute vous aidera à garder le genou souple et à entretenir vos muscles afin qu’ils soient  « opérationnels » dès la remise à la marche.
 

Que peut-on attendre d'une ostéotomie tibiale de valgisation ?

 

- La disparition des douleurs est la règle, de même qu’une reprise de la marche sans boiter.

- Après 6 mois, la majorité des opérés commencent à oublier l’opération.

- La récupération de la mobilité dépendra beaucoup de la qualité de votre travail personnel de rééducation, que vous ferez sous le contrôle du kinésithérapeute.

- La reprise du travail est possible après 2 à 3 mois.

- Une activité sportive raisonnable est possible. Les sauts et le jogging sont déconseillés.

- La prothèse de genou est repoussée d’une dizaine d’années, certaines fois plus, certaines fois moins.

- Le surpoids est mauvais. Il accélère l’usure du compartiment sain du genou et donc limitera, dans le temps, le bénéfice du traitement.